10 ans de vie aux USA

Dernière mise à jour le 2 février 2022

Drapeau Américain

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Aujourd’hui est une date symbolique pour nous. Il y a 10 ans exactement, le 06 Juin 2010, nous atterrissions sur le territoire Américain avec la ferme intention d’y vivre, au moins quelques années.

En quelques mots d’abord, nous sommes une famille de cinq, Daphnée et Sylvain et 3 enfants d’aujourd’hui 14, 18 et 21 ans. Nous vivons à Orlando en Floride, depuis 10 ans. Nous avons créé plusieurs entreprises aux USA, les plus actives étant Objectif USA (et ses variantes) et My French Neighbor.

J’ai écrit deux articles récemment :

Dans ce texte, je vais faire une sorte d’état des lieux, de résumé de ces dix années très remplies et vous donner un aperçu de notre état d’esprit actuel.

Il est impossible d’écrire un tel texte sans dévoiler certaines opinions, politique entre autres. Si celles-ci ne vous plaisent pas, so be it, on n’est pas obligé d’être d’accord avec tout le monde. Si vous n’arrivez pas à passer au-delà, vous n’êtes pas non plus obligé de lire jusqu’au bout.

Pour parler de ces dix années, il nous faut aborder deux domaines principaux :

  • La vie personelle,
  • La vie professionnelle.

Dans un monde idéal, on aimerait que les deux soient cloisonnés, mais comme nous sommes entrepreneurs tous les deux, c’est difficilement le cas. C’est d’autant plus vrai que pas mal de clients sont entrés dans notre sphère privée et sont devenus des amis.

Nous allons donc commencer par évoquer le côté professionnel.

De My French Neighbor à Objectif USA.

Notre venue au USA a été rendue possible par la demande et l’obtention d’un visa E1, lié à la création d’une entreprise d’import-export appelée My French Neighbor. Nous connaissions cette activité, car Daphnée avait déjà exercé dans ce domaine dans une entreprise qu’elle avait racheté en Guadeloupe, Passé Simple.

Pour ce visa, pour piloter notre activité, nous avions fait des plans, des prévisions, un business plan solide avec des hypothèses hautes, basses et moyennes. Comme j’avais accompagné de nombreuses entreprises dans mes fonctions dans la banque d’entreprise, je savais deux choses :

  • Les choses ne se passent jamais comme prévu
  • C’est la capacité d’adaptation qui est primordiale, la propension à savoir pivoter, s’adapter.
10 ans de vie aux USA, le plan

Je ne pensais pas que cette constatation serait aussi primordiale dans les mois suivants.

My French Neighbor avait pour objet l’import et la vente d’objets “Frenchy” aux USA via trois réseaux :

  • Au détail,
  • En gros,
  • Online.

Nous avions donc décidé de créer une première boutique à Orlando. Nous avions choisi cette ville par rapport à son coût de la vie modérée et donc aussi des coûts fixes plus bas pour une entreprise, dont les loyers commerciaux. Pour rechercher les locaux, nous avons fait nos propres recherches et aussi consulté des contacts professionnels sur place. Notre choix s’est vite fixé sur un quartier moyen/haut de gamme, Baldwin Park. La rue commerçante était animée, les habitations autour respiraient l’aisance, il y avait une énorme boutique de déco moderne “Bullfish” et notre gamme était complémentaire. De plus, je suis toujours d’avis de se positionner à un endroit où les gens savent déjà qu’ils trouveront ce qu’ils cherchent. Nous savions aussi que l’adage “Emplacement, emplacement, emplacement” était primordial. Nous avions de plus très bien négocié notre bail. Pour l’anecdote, lors de la présentation de notre projet au landlord (propriétaire des murs), nous lui avons fait défiler les plans et photos sur un iPad. Or l’iPad était sorti la semaine avant, c’était le 1er qu’il voyait ! Je ne sais pas s’il a beaucoup écouté, car en fait ça surtout été une démo de l’iPad et je pense qu’il en a acheté un moins d’une heure après.

Après les péripéties décrites dans l’article consacré aux premiers jours, nous avons enfin ouvert la boutique en Août 2010. Sauf qu’il y a eu un certain nombre d’alertes entre temps et on sentait un flottement certain chez le landlord. Il y avait de fortes tensions internes chez eux et ils sont venus plusieurs fois nous demander de signer des avenants au lease. Comme nous sentions qu’il y avait anguille sous roche, nous avons refusé de signer, malgré une pression croissante.

L’activité a plutôt bien démarré, les premières semaines étaient prometteuses. Daphné se consacrait à la boutique, gérait les commandes, le choix des produits, les fournisseurs, les douanes, je me consacrais à la compta et à la mise en place de la boutique en ligne. Une petite précision technique, nous avons commencé avec une boutique sous Joomla/Virtuemart avant de basculer sur Prestashop, j’en parlerais plus bas. Nous ouvrions 7/7 avec une salarié le dimanche et la semaine nous rentrions chacun à notre tour à 16:00 à la maison pour s’occuper des enfants qui découvraient l’école aux USA. Nous étions donc ouverts environ 70h par semaine.

En octobre, quelques jours après notre Grand Opening officiel (on a attendu que tout soit “sur des rails” pour investir environ $5,000 dans un tel évènement) très réussi, nous avons appris une nouvelle inquiétante qui aura des conséquences lourdes ensuite : notre propriétaire des murs, propriétaire de toutes les boutiques de la rue, venait de déposer le bilan et les banques (Wells Fargo) allaient donc reprendre la gestion des murs. Cela a expliqué avec le recul la fébrilité des dernières semaines. Entre temps, je m’étais penché sur le bail qu’on avait signé et j’avais souligné un certain nombre d’erreurs, incohérences, toutes en notre faveur, d’où leur volonté farouche de nous faire signer un avenant. Je vais être assez dur, mais ils avaient une armada d’avocats au moment de négocier le bail, pas nous, ils n’avaient qu’à faire leur boulot.

Nous pensions que peut être un repreneur serait vite trouvé ou que la banque gérerait mieux le complexe que le propriétaire précédent, mais :

  • On est en 2010… la crise est tout juste finie, l’économie n’est pas au top,
  • Une banque ne sait pas gérer ce type de biens, elle veut s’en débarrasser et s’embêter le moins possible.

On a assez vite vu les effets :

  • Plus d’entretien des communs
  • Zero animations
  • Des incapables à la gestion qui ne savaient que nous proposer de venir laver notre vitrine au karcher. Daphné se souvient d’un entretien assez houleux avec le property manager où je lui ai dit ma façon de penser. On ne voulait pas de karcher, on voulait qu’il se bouge pour trouver de nouveaux locataires pour les locaux vides et qu’ils reprennent les animations.

Le 11 décembre 2011, la grosse boutique de déco Bullfish a annoncé sa fermeture au 27/12 et a soldé son stock à -75%. Autant dire que notre saison de Noël 2011 a été fusillée, ils nous ont laissé les miettes.

À l’automne 2012, la rue qui comptait au plus fort une quinzaine de boutiques de détail en plus des restaurants n’en comptait plus que 4 : un bijoutier, nous, un caviste et un magasin de produits pour chiens et chats, juste en face de nous. La propriétaire de la boutique de produits pour animaux est alors venue nous voir pour nous annoncer qu’elle fermait et nous a dit “Le dernier jour, je viendrais vous donner ma bannière “soldes avant fermeture définitive”, vous en aurez besoin”. Outch.

Cela nous a ébranlés et on a donc décidé de fermer la boutique et de déménager. À un moment donné, il faut savoir couper les branches mortes. De plus, le secteur retail au global est durement touché aux USA avec des malls qui ferment, suite, entre autre, à la montée en force d’Amazon et du Ecommerce en général. Heureusement que nous l’avons fait !!! Ce n’était pas la fin de My French Neighbor puisque je l’ai dit, nous avions 3 circuits de vente, je vais y revenir très vite.

Nous avons annoncé au propriétaire, Wells Fargo, notre décision de fermer au 31/12. Oui, mais aux USA, on ne sort pas d’un bail qu’on a signé… Ils étaient donc en droit de nous demander les deux ans et demi de loyer restant : $5,500 X 30 = $165,000. Nous leur avons proposé un deal :

  • Si accord à l’amiable avant le 31/01 : on leur donne $50,000 d’indemnité
  • Sinon, si accord à l’amiable avant le 28/02 : $20,000
  • Sinon, si accord à l’amiable avant le 31/03 : $10,000
  • Après le 01/04 : rien et on va au tribunal s’ils le veulent.

Lors de la remise de cette offre, nous leur avons “soufflé” : “À votre place, je regarderais bien le lease avant de décider, vous pourriez avoir des surprises”.

Ils n’ont pas voulu négocier et nous sommes donc partis en procédure. Je vais faire court :

  • Daphné qui était la gérante a donc été “servie” par le shérif, un soir à la maison. C’est-à-dire que le shérif est venu lui signifier qu’elle était attaquée en justice. Je vous assure que ça casse l’ambiance.
  • Nous avons pris un “jeune” avocat, Me Nishad Khan, qui nous a d’abord écoutés poliment, pensant que notre cause était une cause perdue, puis de façon de plus en plus intéressée quand je lui ai exposé mes “findings”,
  • Nous avons répondu au propriétaire via notre avocat avec une dernière offre à $10,000 pour se débarrasser du problème qu’ils ont ignoré.
  • Notre avocat est passé à l’attaque avec 17 contre-arguments, dont un “massue” et on a attendu, attendu, attendu.
  • Nous avons donc décidé avec notre avocat de demander à ce que l’affaire soit annulée pour “lack of procedure”, car la partie adverse ne bougeait plus.
  • Ils ont tout à coup tout annulé, retiré leur plainte, disparu dans la nature. Énorme soulagement, surtout pour Daphné. Ce n’est pas très agréable d’être entrainé dans ce type de process. Même si on était assez sûrs de nous, il y a toujours un doute.

Que s’était-il passé ? Quel était cet argument “massue” ?

Et bien, lorsque j’ai creusé et analysé le lease qu’on avait signé, j’ai eu un énorme doute sur les signatures. Toutes se ressemblaient étonnamment. Il faut se remémorer que lorsqu’on a signé le bail, la situation allait mal chez le propriétaire et nous avons senti un malaise croissant chez la personne avec qui nous avions négocié. J’ai donc recherché sur internet des actes signés par les personnes signataires et il y en avait des dizaines, car les personnes en question faisaient procéder à des ventes de biens en foreclosure (faillite). Les signatures ne correspondaient pas du tout et n’étaient pas certifiées. On a donc attaqué sur “forged signatures”, signatures contrefaites. Wells Fargo a baissé les bras, ils ont vu qu’on avait de sacrés arguments et qu’ils risquaient de perdre la face.

Avec le recul, je pense que la personne qui a signé le bail avec nous à l’époque n’en a pas fait part à sa hiérarchie et que la hiérarchie en question ne l’a pas suivi. Il a pensé “sauver les meubles” en imitant la signature quelques jours avant que la boite ne dépose le bilan. Pas certain qu’il ait retrouvé un boulot depuis. J’espère au moins qu’il apprécie son iPad.

Mais alors, et My french Neighbor ?

My French Neighbor existe encore aujourd’hui et travaille 100% online. Très vite, les chiffres que nous avions prévus se sont avérés faux. Nous pensions que la vente online ferait 30% des ventes. La première année, ça a été 50%, la deuxième 70%, la troisième 90%. D’où notre décision de déménager non pas dans une zone ultra commerciale, mais dans un local avec une grande capacité de stockage et un tout petit showroom. On a en plus eu la chance de pouvoir acheter ce local, et on a fait notre meilleure affaire immobilière à ce jour.

Je ne rentrerais pas dans le détail de nos affaires online, car cette activité existe encore, on ne va donc pas donner de secret maison mais quelques infos :

  • On est passé de Joomla/Virtuemart à Prestashop dès 2010. Prestashop arrivait aux USA et j’ai été assez vite en contact avec Bruno Leveque, le fondateur de cette solution qui s’installait à Miami pour piloter le développement américain. Nous nous sommes rencontrés rapidement pour des modifications d’un plug in de shipping avec USPS qui rendait des résultats erronés. Je l’ai aidé avec ma connaissance terrain de commerçant online francophone aux USA pour régler un ou deux bugs, ou plutôt mauvaises interprétations. On s’est revu plusieurs fois ensuite et à chaque fois il nous a donné un ou deux conseils simples, de bon sens, dont certains ont été primordiaux. La dernière fois, on s’est vu à San Francisco et il nous a indiqué un lieu dans la forêt ou les coccinelles s’accouplent… Magique ! Je le remercie ici à nouveau.
  • Faire du Ecommerce aux USA signifie vendre sur Amazon (et sur Ebay dans une moindre mesure), si on n’a pas compris ça, ce sera difficile
  • Je suis devenu membre du board de la plus grande association de Ecommerçants aux USA, http://www.imamerchants.org/about-ima/board-of-directors/ , j’y ai noué des amitiés solides et appris énormément (quand ton voisin te dit qu’Amazon a été obligé de modifier l’outil de mise à jour des produits en le ‘limitant” à 600 000 produits à la fois, tu te sens tout petit avec tes 1500 produits, mais le gars en question est super simple avec sa chemise hawaïenne et sa Bud).
  • Je suis longtemps intervenu sur une page Facebook de E-commerçants en France pour donner un point de vue différent, mais je l’ai quitté, car mon activité a basculé de plus en plus vers Objectif USA et puis l’ambiance anti-Amazon m’a paru de plus en plus présente. J’ai conscience qu’Amazon est un problème, mais c’est aussi une solution. Le dogmatisme en la matière me paraît contre-productif.

Aujourd’hui My French Neighbor existe encore, ce n’est plus notre activité première, mais l’activité a été bonne par exemple en période de Covid, ou tout le Ecommerce a explosé.

Et Objectif USA naquit.

Flashback, retour en 2009. À ce moment-là, nous travaillons sur notre dossier d’immigration et Maud, notre avocate, nous demande un business plan et nous propose de nous mettre en relation avec quelqu’un pour le réaliser. Notre échange a été, en gros, celui-ci : 

— Maud, je “bouffe” des business plans à longueur de journée dans mon job à la banque depuis 15 ans alors le business plan, je vais le faire moi-même.

— C’est-à-dire que c’est un format spécifique et il faut que l’anglais soit bon

— Le format, je vais le trouver. Mon anglais n’est pas mauvais et je me ferai corriger. Je vous propose un business plan dans quelques jours. S’il vous va, on le garde, sinon, on embauche votre gars”.

Je lui ai fourni le business plan et environ 48h après, Maud m’a rappelé en me disant que le BP était OK et qui si je voulais écrire des business plans pour son cabinet, il faudrait qu’on en parle.

C’est sur cette première pierre qu’Objectif USA a été créé.

Lorsque My French Neighbor a pris son rythme de croisière, j’ai recontacté Maud et elle m’a rapidement confié le premier business plan. J’ai créé un 1er site internet lié à cette activité et j’ai commencé à écrire mes premiers articles sous l’intitulé Sylvain PERRET Consulting. J’ai rapidement eu de plus en plus de contacts via Maud, via d’autres avocats, et via mon site et des forums ou j’intervenais.

Rapidement ; je me suis trouvé confronté à un dilemme. Pour un certain nombre de dossiers, principalement de reprises d’entreprises, je me suis trouvé face à des situations où j’étais intimement convaincu que les gens allaient dans le mur pour plusieurs raisons :

  • Ils payaient l’affaire 2 à 3 fois le prix qu’elle valait
  • L’affaire était de mauvaise qualité et ils n’avaient pas eu de vrais conseils, ils n’avaient pas été accompagnés
  • Ils avaient sous-estimé le cash nécessaire ensuite
  • Ils n’avaient aucune compétence dans le domaine, jamais été entrepreneur, un anglais très approximatif.

Attention, je ne prétends pas détenir la “vérité” et on peut réussir sans cocher toutes les cases plus haut, mais quand on n’en coche aucune…

Or, le problème est que j’arrivais “après la guerre”. La négociation de l’affaire était faite, le contrat signé. J’ai donc décidé de passer mes licences de Real Estate Agent, car il faut cette licence d’agent immobilier pour vendre des business en Floride avant de pouvoir postuler à intégrer Business Brokers of Florida.

C’est une connaissance, François, qui m’a accueilli au sein de son agence et permis d’intégrer Business Brokers of Florida et je le remercie à nouveau ici.

Il y a eu aussi une tentative en 2012 et 2013 de créer une structure associative “Mon Oncle d’Amérique” avec Maud et une 3ème amie, Belinda, et nous avons organisé en 2013 “Le forum de l’expatriation aux USA” à Orlando. Le résultat a été en demi-teinte :

  • Pas évident de faire venir les gens à Orlando alors que notre cible est plutôt en France,
  • Nous nous sommes heurté à la méfiance, voire à la défiance, des organismes français présents sur le sol américain. Au lieu de voir une collaboration profitable, ils ont vu un concurrent. Dommage.

En 2014, j’ai créé le site Objectif-usa.com tel que vous le connaissez. J’y ai rassemblé tous les articles que j’avais écrits sur différentes plateformes et proposé nos services de vente d’entreprise, de consulting, d’écriture de business plan. J’ai aussi créé la page Facebook qui a vite rencontré du succès, je me suis inscrit sur de nombreux forums pour donner un maximum d’information sur l’immigration aux USA via les visas investisseurs et le rachat d’entreprises. De ces forums, je n’interviens plus que sur un seul, Expat.com, le seul “sérieux” à mon avis.

L’activité Objectif USA s’est développée sur tous les aspects avec de nombreux succès, des rencontres extraordinaires (d’autres moins sympa, mais c’est la vie, on ne plaît pas à tout le monde et mon franc-parler me coûte un peu parfois).

Fin 2016, nous avons créé Objectif USA Immobilier pour 4 raisons :

  • Nous avions de plus en plus de demandes de personnes que nous avions accompagnées pour l’achat d’une entreprise pour que nous les accompagnions aussi pour l’achat immobilier
  • My French Neighbor nous demandait de moins en moins de temps, car plus ou moins automatisé et Daphné avait envie de s’y investir. Elle a donc passé et obtenu sa licence elle aussi.
  • Daphné a la fibre immobilier, niveau quartier, école, déco…. C’est clairement plus “son truc”. Moi j’ai la fibre “chiffres” mais je suis incapable de reconnaitre les couleurs… Nous sommes donc complémentaires.
  • Nous avions la chance d’habiter Orlando qui est présenté régulièrement dans la presse américaine comme la meilleure ville pour l’investissement locatif vis-à-vis de l’emploi, la démographie, le dynamisme économique, le rapport loyer sur prix d’achat. Nous y avons d’ailleurs aussi investi à titre personnel.

Les derniers mois, la situation actuelle d’Objectif USA.

Je pense qu’il ne vous a pas échappé que fin 2016, un nouveau président a été élu. Ses vues sur l’immigration n’étaient pas un mystère et pour lui, un bon immigré, est un immigré qui reste ou rentre chez lui, légal ou illégal. Il a dit clairement, à plusieurs reprises, “Don’t come, we’re full”. J’ai assez vite pensé que cela aurait un impact sur l’activité vente de business et business plan pour visa d’Objectif USA.

Je ne me suis pas trompé :

  • Début 2018, nous avons eu deux refus de visa pour la première fois à Paris, suite, à mon avis, à une reprise en main de l’ambassade par une proche du président fin 2017. L’un des dossier au moins était ultra solide,
  • En novembre 2019, les visas investisseurs E1, E2… et d’autres visas ont été modifiés avec des durées beaucoup plus courtes.
  • Nous avons commencé à entendre, même si aucun de nos clients n’y a été confronté, des cas de refus de renouvellement de visa.

Clairement, cela a impacté Objectif USA, mais cela ne nous a pas non plus détruit, car :

  • L’activité immobilière a pris son envol entre temps
  • Nous avons aussi une activité 100% américaine et nous avons bonne réputation au sein des business brokers de Floride. Ma certification “Certified Business Intermediary” est très reconnue aux USA et nous ne sommes que 600 dans tous les USA à l’avoir. Nous avons lancé en 2019 notre site 100 % américain : Integrity International Brokers. Integrity, car c’est notre argument #1, nous sommes “carrés”, International car nous travaillons avec des gens du monde entier, Brokers au pluriel, car nous sommes avons tous les deux, Daphné et moi, la licence la plus élevée, celle de Real Estate Broker. Depuis quelques mois, j’ai intégré un groupe Business Network International grâce à Théo (Merci) et il y a un énorme potentiel de développement là aussi.

Si je dois résumer cette première partie professionnelle, je dirais que d’avoir du sang froid, un couple solide comme un roc, la capacité à comprendre ses erreurs et à réagir (avoir un plan A, B, C… jusqu’à Z), le sens absolu du client (merci papa pour cette leçon quand j’étais ado) et du travail bien fait et, ne le cachons pas, des réserves financières en cas de coup dur, cela nous a sauvés et c’est pour cela qu’on est encore là 10 ans après.

On a aussi eu de la chance, mais au final, les adages qui disent que la chance, “ça se provoque”, que ça ”sourit aux audacieux”, je pense qu’ils sont assez proches de la réalité.

Et à titre personnel, c’était comment ces 10 années ?

Pour aborder la partie personnelle, je le ne ferais comme pour la partie professionnelle par ordre chronologique, mais par thèmes :

  • Les enfants, l’école,
  • Les relations sociales, les amis,
  • Ce qu’on aime / Ce qu’on n’aime pas,
  • Les derniers mois.

Avant tout, il faut comprendre les états émotionnels par lesquels on passe lors d’une expatriation, tous les sites sur le sujet en parlent :

  • La lune de miel : période, au début, où tout est beau
  • Le choc culturel : période où on peut tomber assez bas niveau moral et se dire “mais qu’est-ce je suis venu faire dans cette galère, j’avais une vie bien agréable, rangée…”
  • L’adaptation : Processus plus ou moins long pendant lequel on change, on se remet en cause, on s’adapte comme le nom l’indique
  • La maturité : Période à partir de laquelle on est à nouveau “bien dans ses baskets”.
La courbe de l'expatritation

Dans notre cas, ça a été un peu différent de la majorité des expatriés aux USA, car nous arrivions d’une première “expatriation” de 3 ans en Guadeloupe, sans repasser par la case France. Je sais, la Guadeloupe c’est la France… À mon avis, pas vraiment, mais je ne veux pas polémiquer sur le sujet. Cela fait qu’on a eu un impact modéré, entre autres au niveau des enfants et de l’école, j’en parlerais plus bas.

Les enfants, l’école.

Lorsque nous sommes arrivés, nos enfants avaient 4, 8 et 11 ans. Ils ont aujourd’hui 14, 18 et 21. Pour deux d’entre eux, ils ont passé plus de temps aux USA qu’en France. Pour Vivien, le plus jeune, il ne s’en souvient pas vraiment, car nous sommes partis en Guadeloupe alors qu’il avait 18 mois… 

Arrivée aux USA

Lors de notre arrivée, comme tout parent, nous étions inquiets pour leur adaptation, entre autres à cause de la langue. Au bout de 4 mois d’école, ils ont laissé tomber le petit dictionnaire qu’on leur avait donné. À la fin de l’année scolaire, ils parlaient couramment anglais et se moquaient de notre accent “so french”. Leurs notes étaient excellentes. Ils se sont intégrés à merveille. Il faut aussi préciser qu’ils arrivaient de Guadeloupe et que, au sujet de l’école, cette étape a été un enfer pour eux. Ils ont eu l’impression de revivre. Il est vrai aussi que les écoles (publiques) de notre quartier sont excellentes.

Lorsque je l’avais rencontré, la directrice de la middle school m’avait dit “Les enfants français ? Pas de problème, c’est les mêmes lettres, les mêmes chiffres, le même sens d’écriture de gauche à droite. Facile…”. C’est vrai qu’il y a des enfants chinois ou de langue arabe, et là c’est plus compliqué. 

Grâce à nos enfants, on a connu :

  • Le Daycare (crêche) avec Vivien la 1ere année (l’année de ses 4 ans, l’école ne commence qu’à 5 ans aux USA)
  • L’Elementary school : école élémentaire
  • La middle school : collège à partir de la 6ème, mais 3 ans au lieu de 4 en France
  • La high school : Lycée, mais 4 ans au lieu de 3 (logique) jusqu’au bac
  • Le community college que je comparerais à un IUT, jusqu’à bac + 2
  • Le College ou University après.

Quelle conclusion en tire-t-on sur l’école aux USA ?

D’abord, on ne tire de conclusion que sur l’école en Floride, voire à Orlando, voire à Avalon Park, notre quartier. Notre expérience n’est pas nécessairement là même que celle des autres expatriés aux USA.

  • L’école est moins dans le savoir livresque, plus dans l’apprentissage de l’initiative, dans la construction de la personne, de la personnalité
  • Il y a un cœur d’apprentissage et des options. En fait à partir de la Sixième ; il y a un tronc commun (Maths, Sciences, Littérature et Histoire Géo) et des options très variées. Certaines de ces options sont géniales : Vétérinaire, orchestre, robotique…
  • Les élèves ont le même emploi du temps tous les jours, 7 périodes de 1 heure environ
  • Les arts, la musique, la vidéo, la sculpture ne sont pas des options “au rabais”, mais des nids à talents. J’ai encore les larmes aux yeux pour la dernière comédie musicale de Claudie où elle avait le 1er rôle féminin. Just époustouflant !
  • Les longues vacances d’été sont… longues… De fin mai à mi-aout, mais il y a peu de vacances en cours d’années. Le 1er trimestre est très long. Les enfants arrivent à Noël épuisés.
  • L’université n’est pas chère si vos enfants ont de bons résultats et restent dans votre état. Nos deux enfants à University of Central Florida ne nous coûtent quasiment rien (nous avons la carte verte, ce n’est pas vrai pour les visas). Les “bourses” ne sont pas en fonction des revenus des parents, mais des résultats scolaires des enfants !

Clairement, nos enfants ont eu des opportunités ici qu’ils n’auraient jamais eus en France. Ce n’est pas pour “glosser”, mais c’est une réalité. S’il n’y avait que ce point, il me suffirait à valider nos 10 ans ici. Je suis tous les jours épaté par ce que sont devenues nos 3 terreurs Roxane, Claudie et Vivien. Bien sûr que si nous étions restés en France ils auraient aussi eu une belle vie, mais je crois qu’on serait vraiment passé à côté de quelque chose, sans le savoir.

Les relations sociales, les amis.

Comme lorsque vous déménagez en France, l’une des premières sources d’amis est l’école des enfants. Ça a aussi été le cas ici. La plupart de nos connaissances américaines sont liées à nos enfants. Nous avons quelques connaissances par le travail, mais comme nous sommes tous les deux indépendants, ce n’est pas évident, d’autant que la plupart du temps, nos relations de travail sont des relations de négociation.

Nous avons aussi des amis français via plusieurs réseaux :

  • L’alliance française (merci Bernard Lodde)
  • Les chambres de commerce Franco-Américaine
  • Le réseau des clients qu’on a accompagnés
  • Les réseaux sociaux.

Sur les relations avec les expatriés, quelques considérations :

  • En France, on n’est pas amis avec tout le monde ? Ici non plus. Ce n’est pas parce qu’on parle la même langue qu’on est amis.
  • L’expatriation est un microcosme sociétal à effet concentrant (je revendique la paternité de la formule). Je m’explique : les gens qui s’expatrient le font pour différentes raisons, certaines bonnes, certaines moins bonnes (fuite). Les gens qui s’expatrient ont généralement “du caractère”. La conséquence, c’est que, à mon avis, ça concentre les égos… C’est donc parfois électrique. Dans la catégorie “en fuite”, j’ai eu plusieurs contacts avec des gens qui avaient des peines de prison non effectuées en France… Il y a donc lieu à être prudent lorsqu’on accorde sa confiance.

Avec ces précautions en tête, on s’est fait des amis “à vie” ici parmi les Français de Floride et je n’en citerais aucun de peur d’en oublier.

Concernant les amis en France, nous nous sommes concentrés sur l’essentiel et il y a un groupe d’une dizaine de familles qu’on revoit chaque année et avec qui nous sommes en contact fréquent. On en a perdu au passage, mais c’est la vie. Au passage, on pense ce qu’on veut de Facebook, mais c’est un outil fabuleux pour garder contact quand on vit loin.

Je n’évoquerais pas la famille proche : frère, soeurs, parents sauf pour dire qu’ils me manquent, encore plus cette année… Si j’ai un regret, c’est de ne pas les voir plus.

Ce qu’on aime ici, ce qu’on aime moins… ce que l’on déteste.

Cette partie sera un peu fourre-tout.

Ce qu’on aime ici :

  • Travailler : les relations de travail sont plus simples. Le fait d’être entrepreneur est très bien vu. On ne te jette pas des pierres quand tu achètes ton beau 4X4 (mettez autre chose ici, si le beau 4X4 vous gêne) avec l’argent que tu as gagné, on vient te demander comment faire pour avoir le même. Je sais, c’est du France bashing, mais c’est une des raisons de notre départ de France.
  • La nature, les grands espaces, le climat. J’adore la Floride, la nature, sa faune, qui est omniprésente. Les montagnes me manquent par contre donc on part bientôt dans les Smokey Mountains (Sud des Appalaches) pour quelques jours
  • Les gens. Globalement, les gens sont sympas, pas “prise de tête”. Ça va vous paraitre superficiel, mais quand on vous demande “Comment allez-vous ?”, il faut répondre “Bien”. C’est mal venu de se plaindre. Personnellement, j’aime ça. Je n’ai pas envie d’entendre le serveur ou le coiffeur me parler de ses problèmes. Avec les amis, c’est autre chose bien sûr !
  • La liberté d’expression, même du pire. Je pense qu’interdire aux gens de s’exprimer, même pour dire des horreurs, mène à la victimisation et donc à une publicité accrue. Je déteste ce que certaines personnes disent ici, mais on n’est pas obligé d’écouter non plus.
  • La formation continue tout au long de la vie, la facilité de changer de voie, de vie. Nous sommes 5 à la maison, 5 à aller à l’école, dont 3 à UCF….

Ce qu’on n’aime pas ici :

  • La gestion de la santé. La santé est hors de prix et de qualité moyenne.
  • La pollution ou surtout la gestion des déchets : c’est juste fou la quantité de déchets qu’on produit, même en faisant des efforts.
  • L’hypocrisie dans le business. La phrase “this is not personal, this is business” se traduit par le fait qu’on te plante un couteau dans le dos en te souriant sans aucun état d’âme. J’en apprends encore tous les jours sur ce sujet.
  • La tournure que prennent les choses depuis 2016 avec un président élu malgré un comportement personnel au minimum discutable, entre autres envers les femmes. Depuis, certains comportements ont changé et les bullys (le méchant dans la cour de récré) se sentent pousser les ailes “Le président le fait bien, pourquoi pas moi ?”. Nous sommes venus aux USA d’Obama, on se retrouve avec DT, ça fait un choc.

Ce que l’on déteste ici :

  • L’omniprésence des armes avec les conséquences qui en découlent : la violence et donc la police omniprésente aussi. Lors du shootings dans l’école primaire de Sandy Hook, (avec des victimes du même âge que notre fils), on a failli prendre l’avion et ramener tout le monde en France.

Notre sentiment actuel.

Cet article est écrit le 06 juin 2020, jour de nos 10 ans aux USA. L’actualité, c’est :

  • La pandémie mondiale et le nombre de malades qui continue à augmenter de plus en plus alors qu’on “rouvre” la Floride en grand. On a dépassé 100 000 morts, on dépassera, j’en ai peur, les 200 000. On sera donc le pire pays au monde vis-à-vis de la gestion de cette maladie. Ces gens seront morts sur l’autel de l’argent roi.
  • Les émeutes suite à la mort de George Floyd, mort après avoir été étouffé pendant 8 minutes 46 secondes par la police, un genou sur la tête. Tout cela pour un soi-disant faux billet de 20$, dont on ne sait, au passage, toujours pas s’il était faux. Et quand bien même, ça ne vous est jamais arrivé de vous faire refiler un faux billet ? Ça fait de vous un criminel ?

Autant dire que ce n’est pas vraiment la fête aux USA en ce moment. On essaye de positiver, mais avec un président qui souffle en permanence sur les braises avec de basses vues électorales, il faut reconnaître qu’on a rêvé jours plus joyeux pour ces 10 ans.

Vous l’avez senti, nous ne sommes pas vraiment des “fans” du président actuel des États-Unis. Pour nous, il y a eu un avant et un après 08 novembre 2016. Niveau valeurs (en a-t-il ?), il représente à peu près tout ce que l’on combat : vulgarité, racisme, populisme, outrance. J’arrête là. Comme je l’ai exposé au début, vous n’avez peut-être pas les mêmes idées sur ce sujet, mais je ne débattrais pas de ces idées en commentaire. C’est inutile, les positions sont trop exacerbées de chaque côté. 

Dans l’immédiat, nous nous focalisons sur nos projets à court et moyen terme. Nous achetons des biens que nous mettons en location pour notre retraite, le même type de biens que nous recommandons à nos clients, nous faisons des travaux de peinture, nous changeons l’électroménager… Nous étudions tous online pour différents projets. Nous préparons une semaine de camping en montagne. Pour ma part, j’écris des articles comme celui-ci et un livre très bientôt fini sur… “L’expatriation aux USA”.

On ne peut pas dire qu’on ait envie de “sauter au plafond”, mais hier soir on a fêté la graduation (bac) de notre fille de 18 ans, Claudie, et ce soir, on fêtera nos 10 ans de vie aux USA, quoi qu’il en soit !

Après ces dix années, notre famille est soudée comme jamais, notre couple toujours aussi solide. C’est indispensable dans ce genre de projet, d’expérience. Sans vouloir dire qu’on en a bavé, nous avons quand même traversé un certain nombre d’épreuves et nous avons parfois douté. Il nous est arrivé de dire « A-t-on bien fait de venir vivre ici ? ». Pour nous, la réponse est oui, sans équivoque. Sera-t-on encore là dans 10 ans ? Ce n’est pas certain. Nos enfants feront certainement leur vie aux USA mais pour notre part, il se peut que l’aventure continue un jour, ailleurs, dans un autre état, ou peut-être dans un autre pays. Les 10 ans passés nous ont appris que les opportunités doivent être saisies quand elle se présentent alors, sait-on jamais…

Si vous avez lu jusqu’ici, quel courage ! J’apprécierais un “like” et encore plus un commentaire, même très court. Courage à tous, et à bientôt. 

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Sylvain PERRET

Sylvain PERRET vit aux États-Unis depuis 2010 où il a créé plusieurs entreprises avec son épouse. Après 17 ans dans la banque au contact des entreprises, il a créé l'agence Objectif USA dans laquelle il exerce en tant que business broker, real estate broker, business consultant et rédacteur de business plan. Il a accompagné de nombreux Francophones vers le succès dans leurs projets de création ou de reprise d'entreprise aux USA. Il est certifié CBI (Certified Business Intermediary) par l'International Business Brokers Association. Il a reçu par 3 fois le Million Plus Dollar Award remis par l'association Business Brokers of Florida. Il est régulièrement consulté sur les problématiques d'immigration aux USA et son article "Visa E2 : Tout savoir, tout comprendre" fait office de référence avec plus de 10000 consultations par an. Il est l'auteur du livre "S'expatrier aux USA grâce aux visas d'entrepreneurs", ISBN 979-1026287698 Sylvain Perret est sur Linkedin et Twitter

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6 réflexions sur “10 ans de vie aux USA”

  1. Merci beaucoup pour cet article, cette partie de votre vie, cette expérience juste palpitante, enrichissante. L’aventure d’une vie ou de plusieurs .
    Retour d’expérience me donnant encore plus envie de chercher, de provoquer des opportunités.
    Merci beaucoup !

  2. Bravo pour cette longue et belle aventure ….. c est chouette et mérité
    Que la force soit avec vous !!!
    C est nous le dossier refus , ultra solide ?
    Take care

  3. Laila Sahnoune

    Eh ben quelle expérience! J’ai commencé la mienne au Canada en 2018 déjà 2 ans. Je me prépare à un 3eme déménagement après avoir changé de province pour obtenir l’équivalence de mon diplôme. Rien n’est figé dans cette aventure qu’est l’expatriation!!

  4. J’ai beaucoup aime te lire, c’est un super retour d’experience – Comment fais tu pour la retraite avec une partie de ta vie (cotisations) en France et une autre aux USA? Bonne celebration, on espere tous que que la situation s’ameliorera en 2021…
    A defaut de ‘Like’ (je ne trouve pas le bouton) au moins tu as le commentaire

  5. Vido Bruzzese

    Quel parcours!, merci pour cet article (cette histoire) tres bien ecrite, j’attend le livre avec impatience.
    A bientot

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