10 ans après : Nos premières semaines aux USA.

Dernière mise à jour le 2 February 2022

Envie d’écrire sur quelque chose de plus léger aujourd’hui.

Je vais vous raconter nos 1ere semaines aux USA. Parfois, les personnes qui assistent à nos conférences nous demandent comment s’est passé notre arrivée aux USA et, souvent, en plaisantant, je leur souhaite que ça se passe mieux pour eux que pour nous.

Pour mémoire, nous sommes une famille de cinq vivant depuis maintenant 10 ans à Orlando. Daphné, ma femme, et moi même sommes tous deux entrepreneurs.

Un retour en arrière rapide, nous avons vécu en Guadeloupe de 2007 à 2010 suite à une mutation professionnelle au sein du groupe Crédit Mutuel-CIC. Fin 2009, nous avons pris la décision de ne pas rentrer en France métropolitaine mais de “continuer l’aventure”, j’ai donc quitté la banque. Cette fois, direction les USA ! Yehaa !!!!

Je passe sur les étapes de visas, de cartons, de l’annonce à notre famille qu’on ne “rentrait” pas… et j’arrive à notre “pot de départ”, avec tous nos amis locaux à la Caféière Beauséjour (lieu magique), dans la forêt tropicale de Basse Terre, qui comme son nom ne l’indique pas, est la partie montagneuse (volcan) de Guadeloupe. Après midi, soirée.. Génial, émotions, un peu d’angoisse aussi face à ce saut vers l’inconnu. Soirée inoubliable… on n’imaginait juste pas à quel point elle serait inoubliable pour Daphné.

Début Juin 2010, nous voilà donc dans l’avion pour la Floride. A notre arrivée, nous devons récupérer notre maison qui est normalement finie de construire, les travaux de notre magasin devraient être finis aussi, on ouvrira le 1er Juillet. Les containers de France et de Guadeloupe avec nos affaires personnelles sont prêt à partir (15 jours de mer). On campera donc un peu, un peu de fun en perspective.

6 juin 2010

Orlando, here we are ! La douane avec notre visa tout neuf, pas de problème. Direction la maison, 717 spring oak circle, notre nouveau nid (un grand nid quand même). Sauf qu’à notre arrivée, le nid en question, il est loin d’être fini. On est très loin de ce qui nous a été évoqué par téléphone à plusieurs reprises. Les 3 jours prévus à l’hôtel risque de durer un peu plus. Dans combien de temps la livraison…. Vers le 20 juin ? Ah……..

Au final elle sera livrée le 30 juin.

Bon, relativisons, ce n’est pas un drame mais il faut quand même prévenir les entreprises de déménagement pour qu’elles décalent l’arrivée des containers d’affaires personnelles.

CONTAINER de FRANCE

1er coup de fil

« Mr Perret, pour expédier le container, il nous faudrait un justificatif de votre adresse personnelle en France de moins de 3 mois.

— Euh….. il est pas encore parti ce container ?

— Non, c’est ce que je suis en train de vous dire, il nous faut votre justificatif de domicile en France.

— Ah… bon ben je vous récupère ça. »

Je me bats pour récupérer un semblant de facture téléphonique car en fait, en Guadeloupe, j’ai une maison de fonction et une voiture de fonction, donc rien n’est à mon nom.

2eme coup de fil

« Vous avez reçu mon document ?

— Oui, mais il est pas bon votre document, c’est en Guadeloupe, il me faut un document de France !

— Euh.. vous savez que la Guadeloupe est un département français ?

— Moi oui ! Mais la douane Américaine, non. Il me faut une adresse en France métropolitaine de moins 3 mois.

— Ok. Juste une question, c’est pas un truc que vous auriez pu me demander avant ?

— Ben si, mais on a pensé que ça serait un problème…

— Sauf que, en France, je n’y habite plus depuis 3 ans.

— Ah ben zut alors, j’avais pas pensé à ça.

— ………»

Je passe sur la suite. On a mis 15 jours à trouver une solution mais il y a eu d’autres péripéties avec ce déménageur et le container a finalement été livré 4 mois après.

CONTAINER de GUADELOUPE

« Bonjour, je suis Mr Perret de Orlando (à l’époque, je me presentais comme ça, juste pour me rappeler qu’on y était arrivé). Je voudrais savoir où en est mon container pour la Floride.

— Bien sur, quelle société et quelle type de marchandises ?

— Alors, ce n’est ni une entreprise, ni des marchandises. C’est à titre personnel et c’est nos affaires personnelles suite à notre déménagement.

— Ah ça mon bon Monsieur, ce n’est pas possible, vous devez vous tromper d’entreprise.

— Comment ça ?

— On ne fait pas de déménagement personnel juste du fret d’entreprises.

— Oui, excusez moi, je le sais, mais Mr X, le propriétaire de votre entreprise a fait une exception pour nous car c’est une connaissance personnelle. Vous pouvez me le passer, ce sera peut être plus simple ?

— ………

— Allo ????

— Ca non plus, ca ne va pas être possible.

— Pardon, et pourquoi ?

— Parce qu’il est décédé cette nuit.

— ……….. »

Je passe les péripéties là aussi, il était le seul à connaitre notre dossier et même l’emplacement de notre container sur le port de Pointe à Pitre.

Le container arrivera 3 mois après. On a donc campé beaucoup plus longtemps que prévu.

7 juin 2010

C’est pas tout mais il faut penser à bosser un peu, allons voir le magasin à Baldwin Park, les travaux devraient être presque finis.

Là, on n’est pas dans le même cas que pour la maison. Aucun réel retard en fait….. car les travaux ne sont pas commencés du tout en fait. Rien, nothing, nada, alors que nous avions des communications récurrentes sur l’avancée des travaux.

Je passe sur les détails mais :

  • Archi viré et invité à ne jamais présenter sa facture (et il m’a demandé en contact Linkedin récemment, il doit avoir la mémoire courte… pas moi),
  • Présence indispensable tous les jours sur le chantier à harceler les entreprises,
  • On a découvert la joie des inspections de chantiers et des inspecteurs qui soutiennent qu’un bois traité ignifuge, certificat à l’appui, ça peut quand même prendre feu. Il nous a fallu couvrir d’une peinture grise, épaisse, ignifuge nos murs de bois brut dont on avait rêvé. Depuis, on pleure chaque fois qu’on voit un magasin avec une déco “bois brut”, surtout que c’est devenu très à la mode.
  • Explication de texte à un contractor à qui j’ai dit “Je ne paierai aucun dépassement de travaux si tu ne me fais pas signer d’abord une extension” et qui me présente une pergola qu’il a pris l’initiative de modifier “parce que c’est plus joli”, qu’on lui fera donc refaire comme on a demandé et qui monte le ton en présentant la facture de dépassement en me disant que je dois être “fair”.

On a finalement ouvert le 15 Août. Pas une catastrophe non plus car honnêtement, on n’était pas prêts.

Pas mal jusque là ? Mais ce n’est rien, les jours suivants ont été sportifs.

Vers le 12 ou 13 Juin 2010.

La semaine a été longue, pleine de surprises mais comme tout est nouveau, que les gens sont sympas, qu’on est enfin aux USA, on a le moral haut et on se dit qu’on a bien mérité un repas en famille sur le Pier de Cocoa Beach où on a envie de goûter la spécialité de Coconut Shrimps.

Nous voici donc à table, devant nos shrimps en écoutant un groupe country live et en regardant les surfeurs quand Daphné (qui, si vous la connaissiez, n’est pas du genre à se plaindre) me dit : « Je ne me sens pas bien tout à coup, j’ai des frissons, j’ai mal partout.

— Tu peux finir ou tu préfères qu’on parte ? »

Elle pâlit à vue d’oeil.

« Franchement, je ne me sens pas bien du tout. Je préfère qu’on rentre à l’hôtel s’il te plait. »

Nous prenons donc la route et Daphné en est au stade de gémir. On arrive à l’hôtel, sur la route j’ai acheté un thermomètre : 40.2 !

Et là, une évidence s’impose, pas de doute….. La soirée en forêt tropicale… Les moustiques…. LA DENGUE !

Aujourd’hui, vous en avez tous entendu parler parce qu’il y a eu des cas en France mais en 2010, vous ne connaissiez peut être pas cette maladie tropicale transmise par les moustiques, une cousine lointaine de la malaria. Nous, on connaissait bien car il y a eu une très forte épidémie en 2009 en Guadeloupe et beaucoup de nos proches l’ont eu dont mon frère et mon neveu qui ont passé 2 semaines de vacances chez nous, “au lit”, enfin dans un hamac plutôt. C’est comme une très grosse grippe (je sais, on vous l’a déjà faite celle là et même très récemment) avec de très forte températures, on ne mange rien, on a mal partout et ça dure 10 jours mais vous gardez des séquelles pendant des mois. La forme hémorragique, très rare, est mortelle dans 2.5% des cas, généralement dans les 24 heures.

Nous voici donc à l’hôtel. Il nous faudrait vite un avis médical sauf, quand on arrive aux USA, on a perdu tout nos repères, tout prend une dimension différente; on a d’ailleurs psa encore validé notre assurance santé “expat”. Après avoir demandé conseils à des amis sur place, nous nous dirigeons donc vers un Urgent Care, sorte de mini service d’urgence privé.

Avant de consulter un médecin, il faut remplir un dossier : à peu près aussi long qu’un contrat notarié avec toutes les questions médicales possible et imaginables, pas simple déjà si on n’a pas fait médecine.. alors en Anglais… Quand on enfin on leur rend le pavé remplis, on peut enfin parler à un docteur. J’essaye donc de leur expliquer (Daphné, un peu confuse à 40 de fièvre, n’est pas en état de parler, et encore moins en anglais). « Dengue.. deeennnggge.. dingy.. dengy.. dangy……. » et je finis par lâcher « a tropical fever quoi ! » et là, recul de 3 mètres, visages livides, les masques apparaissent…. et j’essaye d’expliquer « not contagious ». Dans la confusion, je me rappelle avoir encore “arrangé notre cas” en disant « not hemorrhagic, she would already be dead ». Bref, on est sorti très vite avant qu’ils appellent le service de maladies infectieuses de Washington.

Le truc avec la dengue, c’est qu’en gros, si elle est hémorragique (très rare encore une fois), tu ne peux en gros quasiment rien faire et si elle ne l’est pas, à part prendre des doses massives d’analgésiques pour baisser la fièvre et la douleur, on ne peut rien faire non plus. Il faut attendre que ça passe. On est donc retourné à l’hôtel.

Daphné a passé 10 jours très difficiles. Nous la laissions à l’hôtel pour traiter tout ce qui devait avancer :

  • La maison,
  • Les containers (avec le succès évoqué plus haut),
  • Le magasin,
  • L’inscription préalable des enfants à l’école avec une infirmière qui a joué aux fléchettes sur nos enfants parce qu’elle ne comprenait pas nos attestations de vaccins. Ma gorge se serre encore quand je repense aux pleurs de mon fils de 4 ans à la 4ème piqûre.

Lors de nos absences, Daphné a eu la visite des femmes de ménages et du manager qui voulaient appeler la direction de l’hôtel pensant qu’elle était au choix malade voir mourante/droguée/séquestrée.

J’ai aussi acheté une voiture à son nom et le vendeur est venue la faire signer à l’hôtel. Il a eu l’air tellement suspicieux quand il l’a vue descendre sur le parking en titubant que j’ai vraiment craint une visite de la police plus tard dans la journée.

Epilogue

Ensuite, tout s’est petit à petit mis en place et notre vie aux USA s’est réglée. On a eu la maison, la boutique, nos affaires personnelles et on s’est fait plein d’amis dans cette période. Il y a eu pas mal de changements en 10 ans et l’adaptabilité est la clé. Dans nos conférences, nous prévenons toujours : si vous n’avez pas de sang froid, si vous craignez les imprévus, attention, il y a toujours des imprévus et parfois, il faut puiser dans la solidité de son couple pour les surmonter. Nous avons cette chance que nous relativisons beaucoup et que notre famille est une équipe, une tribu très solide.

Sylvain PERRET

Sylvain PERRET vit aux États-Unis depuis 2010 où il a créé plusieurs entreprises avec son épouse. Après 17 ans dans la banque au contact des entreprises, il a créé l'agence Objectif USA dans laquelle il exerce en tant que business broker, real estate broker, business consultant et rédacteur de business plan. Il a accompagné de nombreux Francophones vers le succès dans leurs projets de création ou de reprise d'entreprise aux USA. Il est certifié CBI (Certified Business Intermediary) par l'International Business Brokers Association. Il a reçu le Million Plus Dollar Award en 2016 et 2017 remis par l'association Business Brokers of Florida. Il est régulièrement consulté sur les problématiques d'immigration aux USA et son article "Visa E2 : Tout savoir, tout comprendre" fait office de référence avec plus de 10000 consultations par an. Il est l'auteur du livre "S'expatrier aux USA grâce aux visas d'entrepreneurs", ISBN 979-1026287698 Sylvain Perret est sur Linkedin et Twitter

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Grégory Kévers
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Alexandre Perchat
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