MBA aux Etats-Unis : mon retour
Dernière mise à jour le 9 décembre 2023
Depuis notre arrivée aux USA, tant de choses se sont passées que j’ai eu l’impression, à un moment de courir après le temps et de ne pas me poser pour réfléchir, entre autres à notre business « Objectif USA ». Le truc, c’est que je continuais encore à penser « à la manière française ». Et oui, j’ai fait ma scolarité en France, 20 ans de carrière en France, 50% de nos clients sont Français… J’ai donc eu envie de rajouter une case « diplôme Américain » et quitte à faire cela, autant viser haut et tenter un MBA. Je crois aussi que j’avais une petite revanche à prendre vis-à-vis d’un professeur, il y a 30 ans qui, en gros, m’avait prédis un échec dans les études, voire dans ma vie (certains devraient changer de métiers).
Le truc avec les MBA, c’est déjà d’y rentrer… Il s’avère que nous habitons à 15 minutes de University of Central Florida, campus de l’Est. Ce campus est parmi les plus grands des USA, sinon le plus grand, avec plus de 75000 étudiants. En 2018, j’ai commencé à me renseigner quelle école et quel cursus serait pour moi. Très vite, j’ai écarté les cursus en ligne : j’ai eu l’occasion de prendre des classes en ligne pour de la formation continue en tant que Real Estate Broker : pas pour moi. Restait donc UCF.
J’ai consulté leur documentation, je me suis rendu sur place et le programme Evening MBA semblait élaboré pour moi ! Il s’agit d’un MBA sur 30 mois environ à raison de 2 à 3 soirs par semaines, tout au long de l’année, et en plus, détail non négligeable, abordable : environ $25,000 pour le cursus complet.
Pour y rentrer : un dossier avec les diplômes, les notes, le CV (Cliquez pour voir mon CV de l’époque), une lettre de motivation (Cliquez pour voir la lettre) et des lettres de recommandations. Et, en tant qu’étudiant « venant de l’étranger », même si cela faisait 8 ans que je vivais et travaillait aux USA, une note au TOEFL supérieur à 80 (sur 120).
Commençons par le dernier point, le TOEFL : 8 ans aux USA, cela devrait « fingers in the nose »… sauf que non. Autant le TOEIC est « facile » si vous vivez déjà aux USA et surtout si vous y travaillez, autant le TOEFL est universitaire.
Le TOEFL (Test of English as a Foreign Language) est un examen standardisé qui évalue la capacité d’une personne non anglophone à utiliser et comprendre l’anglais tel qu’il est parlé, écrit et entendu dans un cadre universitaire. Il se compose de quatre épreuves principales : la compréhension orale, la compréhension écrite, l’expression orale et l’expression écrite.
Et les textes sont… universitaires et même plutôt scientifiques. Je ne savais pas qu’il y avait des bactéries dans les nuages qui font pleuvoir : grâce au TOEFL, je le sais ! Et quand quelqu’un vous parle de ça, assez vite, dans un casque audio et qu’ensuite vous devez répondre à des questions… pas facile du tout. Je suis super satisfait car j’ai obtenu un score de 107/120 sachant que pour les écoles dites Ivy League, il faut viser plus de 100 et pour le top du top, plus de 105.
Pour les notes, en tant qu’étudiant étranger, il faut les faire valider par un organisme de credentials (World Education Service dans mon cas) et ce n’est pas forcément facile quand vous avez étudié le siècle dernier (ça fait bizarre d’écrire ça). Il a fallu faire des courriers, se déplacer en France et même amener des M&Ms typiquement Américains pour « soudoyer » le secrétariat de certaines écoles pour que mon dossier avance (il faut que l’école envoie les notes à WES).
Cette épreuve passée, j’ai rédigé mon essai et préparé mon CV.
Ensuite, il m’a fallu demander des lettres de recommandations. Ces lettres, je ne les ai pas lues car elles sont envoyées directement à l’université et il est bien indiqué qu’elles sont « mieux prises en considération » si la personne ne demande pas le partage avec le candidat et peut donc écrire librement ce qu’il pense. Mieux vaut donc ne pas se tromper de personne à qui l’on demande. Pour ma part, j’ai demandé à :
- Maitre Maud Poudat, avocate avec qui je travaille depuis 2010, et aussi, soyons francs, une amie proche. Maud est la partenaire principale de notre réussite aux USA.
- Maitre Nishad Khan, un avocat en business et real estate avec qui je travaille depuis 2012 et avec qui une estime réciproque s’est forgée au fil des années. J’admire sa réussite et j’apprécie toujours autant le calme impressionnant avec lequel il aborde tous les dossiers.
- Brigitte Jensen Dagot, la consule honoraire de France à Orlando. On se connait depuis 10 ans, l’estime réciproque s’est aussi forgée avec le temps. On a travaillé ensemble deux aux lorsque j’étais président de FABCO. On aime bien refaire le monde ensemble au téléphone et on partage l’amour des livres.
Dossier complet…. Tadam… : Accepté !
Autant être clair, j’étais ravi et… terrifié ! A presque 50 ans (à l’époque), retourner à l’école, entouré de « gamins » américains qui parlent plus vite et prononcent autant qu’Eminem, pas évident. Et je ne parle pas des cours : j’avais vu le programme et il y a quelques matières aux noms barbares qui m’inquiétaient au plus haut point. Mais bon, pas vraiment possible de reculer, pas le genre de la maison non plus.
Aout 2019 : premiers cours à UCF
Pour pouvoir suivre le cursus sur 30 mois, il faut suivre des cours dans un ordre assez précis, si on change quelque chose en cours, ça chamboule tout et on prend du retard, je l’ai vécu, entre autres, à cause d’un virus appelé Covid.
Le cursus est comme suit :
Core I
- ACG6425 – Managerial Accounting Analysis (3)
- BUL5332 – Advanced Business Law Topics (3)
- ECO6115 – Economic Analysis of the Firm (3)
- ECO6416 – Applied Business Research Tools (3)
- MAN6245 – Organizational Behavior and Development (3)
- GEB6365 – International Business Analysis (3)
Core II
- FIN6406 – Strategic Financial Management (3)
- MAR6816 – Strategic Marketing Management (3)
- MAR6466 – Strategic Supply Chain and Operations Management (3)
- MAN6721 – Applied Strategy and Business Policy (3)
Et il faut rajouter 3 matières en option (electives) pour moi cela a été :
- SMALL BUSINESS CONSULTING
- INNOVATION & ENTREP STRATEGY
- CYBERSECURITY & PRIVACY
Hasard ou volonté de UCF de mettre la barre haute au début, ma 1ere matière a été ECO6416 – Applied Business Research Tools, autrement dit « économétrie ».
Je vais être honnête, je ne connaissais même pas ce mot. De l’économie mélangée à des maths de haute volée, surtout des stats. Sauf que mes derniers cours de maths dataient du début des années 1990… J’ai cru que j’allais tout plaquer dès le 1er cours.
Je connais la notion de « sortir de sa zone de confort » mais là, clairement, ça a été un choc. Je faisais bonne figure mais je n’en menais pas large.
Par contre, dès le 1er cours presque, j’ai fait connaissance d’un autre élève, Francisco, qui a été ensuite quasiment dans tous les cours avec moi et qui est devenu un véritable ami. Nous le voyons régulièrement avec sa femme Elisabeth ainsi que leurs enfants. Nous avons les mêmes âges et ils sont fans de la France. On s’y est déjà rencontré à Annecy et on se voit à Lyon début 2024. Petit à petit, nous avons créé un groupe et lors des derniers cours en 2023, je connaissais beaucoup d’élèves de ma cohorte. La plupart parlant de moi parlaient du « French guy ». Grand souvenir, une standing ovation quand j’ai annoncé à ma classe que j’étais devenu « citoyen Américain » le matin même d’un cours.
Pour en revenir à l’économétrie, j’en ai bavé mais j’ai eu la chance de faire équipe pour les devoirs et le « paper » (devoir final) avec deux ingénieurs en informatique. Super équipe car j’ai amené la partie « business » et eux la connaissance technique. Notre devoir (vous pouvez le voir ici) portait sur la réalisation d’un modèle mathématique capable de prédire (en tenant d’une base statistique) les loyers de biens immobiliers en fonction de l’adresse, type de bien nombre de chambres, surface… On a eu la note maximum.
Dans l’autre matière, human behavior, j’ai appris autre chose : « no excuse ». Tu ne dois rater aucun cours, aucun de devoir, sinon tu payes cash sur tes notes. Là, pour le coup, j’aurais aimé un peu plus de compréhension car j’avais prévu une tournée de conférences en France avant de connaitre le calendrier et j’ai loupé un « mid term », je n’ai pas vraiment bénéficié de compréhension là-dessus. So be it. Dans le business, « no excuse » est la norme.
Au début de chaque session de cours (12 semaines environ), on se présente rapidement. J’ai donc dû improviser un pitch. Et j’ai vite trouvé un ou deux trucs : je faisais sourire avec une blague sur mon accent Français et aussi préciser que ma famille comptait 3 élèves de UCF puisque mes deux filles étaient l’une en bachelor, l’autre en master en même temps que moi. Une grande partie des élèves avaient l’âge de mes enfants en fait.
2019-2023
J’aurais dû graduer (graduater ??) au printemps 2022 sauf que, durant Covid, les cours sont passé en virtuel et ça, comme dit plus haut, ce n’est pas du tout mon truc. J’ai essayé mais il y a une matière, par exemple, que j’ai dû arrêter : le ton monocorde du prof m’endormait systématiquement. Or, c’était une matière assez pointue (économie + math à nouveau). J’ai donc quitté le cours (drop) pour le reprendre en cours présentiel plus tard. J’ai donc perdu un an.
Mes matières / profs préférés (ça va souvent ensemble, non ?) ont été :
- Applied Business Research Tools, économétrie avec Lealand Morin
- Economic Analysis of the Firm, beaucoup de statistiques et d’économie avec Javier Pereira dont c’était la première année à UCF
- Business Law avec Keri Kozlowski (a.k.a. “Professor K”), qui m’a fait découvrir la méthode d’enseignement Socrates,
- Strategic Financial Management avec Ian Cherry, cours hardu mais de très grande qualité
- Strategic Management avec l’exceptionnel Dr. Christopher Leo, la matière finale qui chapeaute les 30 mois de cours.
Les cours ont-ils été difficiles ?
Oui.. et non. En fait, si on pose cette question à chaque élève, on aura des réponses très différentes. Clairement, tout ce qui a été finance et compta a été de la révision pour moi. Le cours de compta a été délicat pour moi car clairement, j’assume, j’étais plus compétent que le professeur. J’ai même du le reprendre. J’ai eu un « moment de gloire » sur une question sur l’impact des amortissements sur le cash-flow ou j’ai été le seul à donner une réponse contre l’avis de toute la classe (avec des petits rires moqueurs) et le professeur m’a demandé mon parcours. Il a ensuite explique que seul un élève donne la réponse juste par an depuis 20 ans qu’il donne le cours. Je rappelle, pour ceux qui ne me connaissent pas, que j’ai travaillé 20 ans dans la finance.
Par contre, les cours de maths et de stats….. j’en ai bavé. Et là forcément, mes amis ingénieurs en informatiques se promenaient.
Est-ce que ça été dur ? Non. Est-ce que ça a été facile ? Non plus. Ca a été faisable.
Conclusion sur mon MBA
Comme je le dis au-dessus, ça a été faisable, même avec des entreprises à gérer et une famille dans laquelle je souhaitais rester présent. Surtout ça a été agréable, j’ai adoré. J’ai appris beaucoup de choses, j’ai rencontré des personnes, j’ai réfléchi, changé de perspectives, reconsidéré ma stratégie d’entrepreneur.
Ces mois ont été transformateurs pour moi. Je ne suis pas ressorti le même de ce MBA. J’ai une vue plus large, plus stratégique. Je comprends mieux les américains. Je me sens même « un peu en manque », la stimulation intellectuelle me manque un peu, les challenges aussi : on est bien en dehors de la zone de confort aussi.
Cela influence fortement mon activité de business brokerage : je suis monté en gamme, je représente de plus grosses transactions et les 3 lettres MBA dans ma signature, dans mon profil LinkedIn, changent la perspective que les gens, les américains surtout, ont de moi.
Je suis rentré un étudiant, je suis ressorti un Knight (Go Knights ! Charge on !), je suis même les résultats de l’équipe de football américain. Je suis un UCF Alumni et porte fièrement les couleurs de mon Alma Mater (tee shirt, voiture…)
Je ne peux finir cet article sans remercier des personnes :
- En tout premier, ma super épouse, Daphnée et mes enfants. Daphnée suivait aussi des cours en même temps, un associate degree à Seminole State College et deux de mes enfants étaient à UCF. J’ai adoré découvrir leur quotidien
- Mon papa et ma maman qui m’ont poussé à étudier. Sans mes diplômes de base en France, je n’aurais pas pu rentrer en MBA à UCF.
- Les 3 personnes plus haut qui m’ont fait ces lettres de recommandations
- Les enseignants et l’encadrement de UCF : cette université est absolument géniale
- Mes amis à UCF, entre autres mon groupe de travail dans la dernière matière stratégie. On a tout explosé !
L’idée de cet article est de vous montrer que c’est possible et je me tiens bien sûr à votre disposition pour échanger et vous conseiller.
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