Visa E2 : Se connaître soit même avant de se lancer
Dernière mise à jour le 2 février 2022
Pour s’expatrier aux États-Unis via l’obtention d’un visa E2, il y a un certain nombre de critères à remplir : montant, emploi, nationalité… mais ce n’est pas le but de cet article (voir cet article sur les caractéristiques du visa E2). Aujourd’hui, je voudrais aborder des points clés plus personnels qui me semblent indispensables à la réussite, non pas du visa, mais de votre vie aux USA.
Vivre aux USA n’est pas un projet en soi. Le but c’est de vivre bien ; d’être heureux aux USA et cela passe notamment par un métier que l’on sait faire et qu’on aime. J’entends souvent « je veux profiter de cette aventure pour faire table rase du passé et repartir à zéro, une nouvelle vie, un nouveau métier ». Je ne dis pas que c’est impossible et certains métiers peuvent s’apprendre assez rapidement (les business pack & ship par exemple). Mais, vouloir s’expatrier et se lancer dans la restauration alors qu’on n’y a jamais travaillé, par exemple, est risqué. Est-ce que j’y arriverais ? Est-ce que ça me plaira ? Bien sûr, il y a des contre exemples ; j’en connais moi-même qui ont fait de belles réussites mais j’ai vu aussi de nombreux échecs. En tout état de cause, à votre place, je profiterais d’être encore en France pour faire des formations avant d’être le nez dans le guidon avec une affaire à faire tourner ici, des clients à satisfaire, des employés à encadrer…
C’est vrai pour presque tous les métiers. J’ai rencontré des personnes qui rachetaient des salons de coiffure sans être coiffeur. On leur avait vendu l’affaire en leur disant « pas besoin d’être coiffeur, il suffit de savoir manager ». D’abord, manager des Américains et manager des Français, c’est très différent. Ensuite manager des gens dans un domaine où vous ne connaissez rien : bonne chance. Dans ce cas précis (salon de coiffure), les seules réussites que j’ai vu était des reprises réalisées par des professionnels de la coiffure.
Il existe des centres de bilan de compétences en France, et cela peut être pris en charge par votre employeur et/ou votre propre entreprise. J’ai eu l’occasion, il y a très longtemps d’en faire un et j’en avais tiré à l’époque de bonnes informations… sur moi-même et mes priorités. Ça peut être une étape intéressante dans votre projet.
Dans le même ordre d’idée, il faut bien évaluer la quantité de travail par jour / semaine / année que l’on devra assurer. Beaucoup de business sont ouverts 7/7 ici. J’entends parfois des personnes qui travaillent actuellement 35h par semaine et ont 5 semaines de congés payés par an me dire que travailler 9-10 heures par jour 6 ou 7 jours par semaine, sans congé annuel, ne posera aucun problème : je suis perplexe. C’est souvent le problème avec les business que je qualifierais de « bas de fourchette » au niveau prix, c’est à dire inférieur à 100 000 $. Ils ne dégagent souvent pas assez de rentabilité pour justifier d’un salarié, même à temps partiel. De plus certains jobs sont éprouvants physiquement.
Dans un autre ordre d’idées, lors de ce projet, vous allez subir des hauts et des bas émotionnels. Parfois même, ce sera un tsunami émotionnel. En effet :
- Vous trouvez le business idéal mais il vous passe sous le nez
- Vous trouvez le business idéal mais le landlord (propriétaire des murs) ne veut pas signer un bail avec vous car vous n’apportez pas assez de garanties
- Alors que tout s’annonçait bien, on se rend compte pendant la période des due diligences, que le vendeur a mentis tout au long du processus pré-offre et on doit repartir à zéro et rechercher un autre business,
- Alors que tout a été préparé, que le business est porteur, que tous les voyants sont au vert… l’entretien avec l’officier à l’ambassade ne se passe pas comme prévu et finalement le visa est refusé (l’officier en a le droit et ne donne que très peu d’informations sur ce qui a motivé son refus).
Dans ce dernier cas, c’est clairement un tsunami émotionnel, des mois de projets, de travail, anéantis par 5/10 minutes d’entretien. Heureusement, on peut représenter le dossier (sans plus de garantie que la 1ère fois) mais encore faut-il « encaisser » le refus et ce que cela implique. A ce titre, j’incite régulièrement mes clients à avoir un plan B au cas où.
J’ai mon visa, youpi, fini les montagnes russes émotionnelles ! Non pas vraiment, la 1ère année est toujours délicate, il y a grosso modo 4 périodes :
- La lune de miel : tout est beau !!!!
- Puis on se confronte à une réalité différente de celle qu’on imaginait, tout n’est pas si beau, la famille et les copains sont loin et cela peut générer une crise, c’est un choc culturel (il y a souvent une baisse de morale au bout de 6 mois)
- La phase d’adaptation : on s’ajuste au nouveau monde qui est le nôtre,
- Et enfin la phase de maturité. On reste parce qu’on a pesé le pour et le contre et que le pour l’emporte. On a changé, on n’est plus dépaysé (sauf quand on rentre en France pour quelques jours…).
Dans les caractéristiques personnelles qui me semblent indispensables aussi : la capacité à réagir vite, à faire pivoter son projet si on se rend compte qu’on est dans le faux, à se remettre en cause. J’ai eu des discussions au téléphone qui m’ont parfois laissé perplexe. Je ne prétends pas avoir la vérité absolue, mais j’ai quand même un peu d’expérience et quand on veut me convaincre de certains projets, j’ai un peu de mal. Mais après tout, pourquoi pas, chacun est libre de lancer l’affaire qu’il veut, et qui suis-je pour juger ? Par contre, quand le business ne marche pas depuis des semaines ou des mois, il faut savoir se remettre en question et rectifier car sinon, la sanction risque d’être lourde. Savoir s’adapter, rectifier, pivoter, écouter et ne pas s’entêter est primordial à mon avis, mais c’est vrai pour tout projet entrepreneurial, pas seulement aux USA.
Votre force mentale, votre résistance au stress, la solidité de votre famille, de votre couple, tout cela sera soumis à rude épreuve au long des mois « avant » et des mois « après ». On y est tous passés.
On en revient donc au titre de l’article, avant de se lancer dans ce projet, il faut se connaître. Il faut regarder ce que l’on laisse (sans tout voir en gris) et voir ce à quoi on aspire (sans tout voir en rose avec des paillettes). Il y a des adages « l’herbe n’est pas plus verte ailleurs » qui ne sont pas forcément faux. J’ai parlé dans un article précédent du syndrome de Paris, qui touche les touristes à Paris qui voient leurs rêves s’effondrer face à un Paris idéalisé. C’est pareil pour la vie aux USA : tout n’est pas parfait, loin de là et parfois le choc est rude.
Si vous êtes travailleurs, ouvert d’esprit, prompt à remettre en cause vos idées face à la réalité, soudés en famille et tous volontaires, à l’aise financièrement dans votre projet (je suis provocateur quand je dis que quitte à être pauvre, mieux vaut vivre en France mais j’assume), ça devrait bien se passer.
Je revois régulièrement mes clients autour de la Floride mais aussi dans d’autres états. Si je leur pose la question :
« Tu avais prévu que ça se passerait comme cela ? Tu es en droite ligne avec tes projets initiaux ? »
Peu me répondent oui, car souvent leur projet a été modifié, ils ont eu des idées, des opportunités auxquelles ils n’avaient pas pensé, ou à l’inverse, ce qu’ils avaient projeté s’est heurté à la réalité des Américains qui ne se comportent jamais comme on pense qu’ils le feront (certains hommes/femmes politiques l’ont compris un peu tard). Avec les Américains, tout est possible, surtout ce qui nous semble impossible.
Si je leur pose la question :
« Et si c’était à refaire, tu referais ? »
La grande majorité répond oui car l’expérience est immense, on est plus le même après un telle expérience, quel que soit le choix que l’on fasse au final : rester, rentrer, essayer « ailleurs »..
Personnellement, j’ai beaucoup appris au fil de ces 9 années aux USA. J’ai appris sur moi-même, j’ai évolué tant personnellement que professionnellement. Je vis très bien à Orlando. J’y ai une famille épanouie, des amis, des activités qui me plaisent, un boulot que j’adore. Est-ce que j’y resterais : pas sûr. La question se posera vraiment quand notre plus jeune fils (bientôt 14 ans) rentrera à l’université. On verra à ce moment-là. Il y a d’autres endroits des USA (et du monde) où je passerai bien quelques temps mais ça, c’est une autre histoire.
Pour conclure :
- Analysez bien vos motivations pour ce projet, assurez-vous que les USA sont bien la réponse à celles-ci (attention à la motivation « fiscale », j’y reviendrais dans un long article)
- Listez ce que vous savez faire, et si vous voulez faire « autre chose », formez-vous,
- Listez ce que vous aimez faire, vous allez passer du temps au travail, autant que ce soit agréable,
- Estimez honnêtement votre capacité de travail. Il n’y a pas de honte à vouloir une qualité de vie,
- Estimez honnêtement votre niveau d’anglais, ce sera important pour l’entretien mais aussi pour travailler au quotidien,
- Estimez quelle vie vous auriez avec le revenu que vous obtiendrez en théorie, sera t’il suffisant ? Si on a tendance à être dépensier en France, ça ne devrait pas s’améliorer aux USA (tentations, tentations….). Etre à court de cash aux USA ne pardonne pas,
- Assurez-vous que votre couple et votre famille sont bien sur la même longueur d’onde, ce type de projet ne ressoude jamais une situation tendue, au contraire,
- Soyez près à tout remettre en cause, il se peut que ça ne se passe pas comme prévu, soyez près à pivoter,
- Préparez-vous à une période de stress tant pour la recherche du business que pour la première année, si les baskets prennent la poussière au garage, c’est peut-être le moment de leur faire prendre l’air,
- Prévoyez un plan B au cas où ça se passe mal. Les statistiques sont là, il y aura des échecs.
A notre avis, un travail préalable sur soi est indispensable avant de s’engager à fond dans un processus exaltant mais éprouvant.
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